Ou comment utiliser le lien d'attachement pour aider l'enfant face à la frustration
Les émotions font parties intégrantes de nos vies ; certaines sont agréables, d'autres désagréables mais elles nous permettent de savoir si nos besoins sont satisfaits ou non.
Parmi les émotions désagréables, l'une d'elle particulièrement difficile est : la frustration. L'apprentissage de la frustration fait partie des étapes importantes du développement de l'enfant. Les parents sont souvent désemparés lorsque face à un « non », l'enfant se met à crier, à faire une crise de colère, à taper, s'énerver. Alors comment faire ?
Quelques idées pour accompagner votre enfant dans cette expérience de la frustration:
· La frustration est une émotion désagréable.
Pour aller explorer ses émotions, l'enfant a besoin de se sentir en sécurité dans la relation d'attachement qu’il a avec vous.
Vous parents, êtes comme une base de sécurité affective qui lui permet d'être suffisamment confiant et armé pour aller visiter le monde extérieur (jouer, apprendre à entrer en relation avec les autres…). Pour que l'enfant puisse traverser la frustration en toute sécurité il est important qu'il sache que vous êtes disponibles pour l'aider face à cet événement difficile : « oui je vois que c'est désagréable pour toi de ne pas avoir ce que tu veux, ça te met en colère ! Pourtant ce n'est pas possible. Par contre, je peux t'aider, te prendre dans les bras si tu en as besoin. » Un besoin compris et à moitié rempli…
Il existe des règles, des limites, des impératifs... Il est impossible de répondre à tous les besoins de nos enfants par contre il est tout à fait possible de prendre le temps de les comprendre, et de les reconnaître. L'idée est d'aider l'enfant à supporter la limite, comme on pourrait l'aider à faire ses lacets, à apprendre à nager ... Il ne nous viendrait pas à l'idée d’isoler un enfant seul dans sa chambre s'il est en difficulté pour faire ses lacets... Pourtant c'est ce qu'il se passe souvent lorsqu'un enfant est en difficulté face à la frustration.
· Le cerveau de l'enfant apprend par imitation
L'enfant apprend en prenant exemple sur vous. Il sera très sensible à la manière dont vous-même, parents, procédez face un refus, ici en l'occurrence, son refus d'accepter la limite que vous lui mettez. Ce qui peut vous aider à l'aider, c'est de vous demander comment vous, vous vivez un refus ? Parfois, cela peut vous mettre en colère lorsqu’il refuse de faire ce que vous lui demandez, alors que d’autres fois il vous est possible de garder votre calme. Votre manière de répondre à son opposition sera l'exemple le plus utile pour lui.
· Les structures cérébrales, à l'origine des émotions fortes, sont matures bien avant celles qui sont impliquées dans la régulation de ces mêmes émotions.
Avant 5/6 ans, il est physiologiquement très difficile pour un enfant de réguler seul les émotions. La capacité de réguler les émotions est une question de temps et d'accompagnement. C'est pourquoi, en accompagnant vos enfants le mieux possible à traverser ces moments difficiles, vous leur permettez de développer de bonnes capacités à les réguler plus tard, quand leur cerveau est mature. La proximité physique est très importante pour cela. Elle est rassurante, évite de couper la relation. Tant que le cerveau est submergé par les vagues émotionnelles, ils ont besoin que vous restiez proches physiquement. Crier, menacer, punir, ne sert à rien. Cela empire souvent la situation. Un cerveau stressé ne peut pas apprendre de ses erreurs, par contre il deviendra hypersensible à toutes situations risquant de créer la frustration à nouveau et réagira plus intensément.
· Alors comment faire autrement ?
Prenons l’exemple de « l'échelle de la colère » pour expliquer ce qu'un enfant peut vivre face à cette émotion difficile. Imaginons une échelle à 5 barreaux. L'enfant va grimper ces barreaux en passant de calme à irrité, puis énervé, ensuite en colère, agressif et enfin la crise de colère. Il y a plusieurs étapes avant la crise, mais il faut s'imaginer que le dernier barreau est comme un seuil dans l'émotion qui ne permet plus de l'aider à réguler. Lorsque la crise est arrivée il n'y a pas grand-chose à faire, à part attendre qu'elle passe. Pour éviter la crise, il faut intervenir idéalement quand l'enfant est irrité ou énervé… En tout cas bien avant le cinquième barreau de l'échelle. Pour aider un enfant à redescendre de l'échelle de la colère, la première des choses évidemment est de ne pas y être soi-même. Plus le parent intervient tôt, dès les premiers signes d'irritation, en nommant les émotions de l'enfant, plus il va aider l'enfant à faire l'expérience de redescendre de l'échelle.
Imaginons un enfant qui voulait déjeuner ce matin avec son bol préféré. Mais son bol préféré est au lave-vaisselle… Sa maman lui explique, et l’enfant de répondre « jeee veeuuux mon boool !!!!! » la maman lui réexplique, l’enfant insiste, elle finit par le recadrer, il s’énerve et il l’a tape, elle le gronde… c’est la crise.
Aider l’enfant à redescendre de l’échelle, c’est lui parler le langage de l’émotion, parce que le langage de la logique et de la rationalisation (il est sale, il est dans le lave-vaisselle) ne marche pas tant que le cerveau des émotions n’est pas apaisé. En clair, pris dans son émotion, il ne vous entend même pas lui expliquer logiquement le pourquoi du comment….
Parler le langage de l’émotion avec empathie: « et oui, j’ai l’impression que tu avais très envie de ton bol préféré ce matin, tu l’aimes beaucoup ce bol, tu dois être très déçu », permet à l’enfant d’apaiser le cerveau des émotions.
Chaque émotion désagréable que votre enfant va avoir à traverser est comme une opportunité pour vous, en tant que parent, de renforcer le lien avec lui, en lui montrant que vous êtes là pour l’accompagner et qu’il peut compter sur vous dans les moments difficiles. C’est ce qui lui permettra aussi de se sentir compétent. L’idée n’est pas d’être laxiste en évitant toute frustration, l’idée est d’accompagner l’enfant pour traverser la frustration et ainsi renforcer sa confiance en lui.
· Que se passe-t-il si l’on crie ?
Personne n’est parfait, il peut arriver à tout le monde de s’énerver et de crier sur un enfant, par fatigue, stress, impuissance…. Lorsque cela nous arrive, utilisons cette opportunité pour parler de nos émotions à nos enfants, une fois que la « pression » est retombée, et surtout s’excuser. Ce n’est pas se mettre dans une position de faiblesse que de s’excuser face à un enfant, au contraire, c’est lui montrer que l’on est suffisamment fort pour reconnaitre ses erreurs : « excuse-moi, je n’aurais pas dû te crier dessus, tu vois, moi aussi parfois je peux être très en colère ». Si cela nous arrive trop souvent de crier, cherchons de l’aide, du soutien, des relais car pour sécuriser un enfant, il est important d’être sécurisé soi-même.
L’équipe Kiddy Ocean
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